2021-05-20 08:38
Les autorités israéliennes interdisent depuis plus d'une semaine aux journalistes étrangers l’accès à la bande de Gaza. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette entrave à la couverture médiatique du conflit et demande l’ouverture immédiate des frontières.
Le mercredi 12 mai, l’autorité des postes de frontières du ministère de la Défense israélien a interdit, jusqu’à nouvel ordre, aux journalistes étrangers de rentrer dans la bande de Gaza. Cette décision a été prise après le début des bombardements de l’armée israélienne à Gaza en réaction à des tirs de roquettes du Hamas contre Israël suite aux affrontements entre des Palestiniens, des colons et la police israélienne à Jérusalem et en Cisjordanie. Depuis, l’autorité n’est pas revenue sur cette décision.
Cette interdiction entrave la couverture médiatique du conflit, empêchant ainsi l’opinion publique internationale de s’informer sur ce qui se passe sur le terrain. Elle confirme également les suspicions sur la volonté des autorités de dissimuler des informations sur les bombardements opérés par l’armée israélienne. La fermeture des frontières aux journalistes étrangers ne serait ainsi que le pendant du ciblage des locaux d’une vingtaine de médias locaux, régionaux et internationaux dénoncé par RSF. À cela s’ajoute la vulnérabilité des journalistes palestiniens aux bombardements pendant leur missions de terrain et la destruction des maisons de plusieurs d’entre eux au cours des derniers jours.
“Les destructions de médias et l’interdiction faite aux reporters étrangers d’y entrer semblent démontrer que les autorités israéliennes veulent occulter la réalité dans la bande de Gaza, dénonce le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Elles empêchent la presse internationale d’établir les faits et portent un grand préjudice à la couverture médiatique équilibrée d’un conflit dévastateur pour les populations civiles. RSF appelle à la levée de l’interdiction d’accès à Gaza pour les journalistes étrangers, qui est une violation évidente de la liberté de la presse. Les arguments avancés par Israël sont fallacieux, ce n’est pas au gouvernement de ce pays de décider à la place des journalistes s’ils veulent se rendre à Gaza ou non. Nous demandons instamment aux autorités israéliennes d’autoriser aux journalistes étrangers l’accès à Gaza.”
Des médias instrumentalisés
L’interdiction d’entrée dans la bande de Gaza empêche les médias internationaux de vérifier les faits par eux-mêmes, les rendant ainsi particulièrement vulnérables à la désinformation. Quand l’armée israélienne a annoncé vendredi dernier qu’elle engagera des opérations terrestres à Gaza, l’information a été reprise par des agences de presse et des journaux internationaux, avant d’être démentie deux heures plus tard. Cette annonce a poussé le Hamas à amasser ses combattants dans un réseau de tunnels que l’aviation israélienne a ensuite bombardé, suscitant des condamnations de la part de plusieurs médias qui ont considéré qu’ils avaient été instrumentalisés.
Israël occupe la 86e place au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par RSF.